Talk « a brief history of women » à Mona by My Little Paris

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Les fondatrices de My Little Paris ont créé min octobre Mona, un lieu éphémère dédié aux femmes.

L’objectif affiché : muscler leur confiance, les encourager à se lancer et à repousser leurs limites.

Ce lieu va accueillir pendant 3 mois des femmes qui nous inspirent. Des connues comme Perla Servan-Schreiber, Lauren Bastide, Pénélope Bagieu, Ayo, Roxanne Varza, Apollonia Poilâne… mais également d’autres moins connues au parcours remarquable.
Dans ce lieu ouvert à toutes, il est possible de travailler, échanger, assister à des talks et à des concerts, recevoir des conseils pour lancer sa boite, son livre ou son e-shop, suivre des cours…

Au rez-de-chaussée, nous sommes accueillis par des fauteuils confortables et une sélection de livres en partenariat avec la Librairie des femmes.

Au fonds, un coffee shop est ouvert à tous.

Au sous-sol, on devine un espace avec une grande bibliothèque permettant de travailler au calme sur ses projets.

Au premier étage, se trouve un espace esprit boudoir.

C’est à cet étage que sont régulièrement organisés des talks sur des thématiques différentes. Chaque mois, Mona y invite l’Espace Des femmes à mettre en lumière l’histoire des femmes, trop peu enseignée dans les livres.
Nous avons assisté à la première conférence de ce cycle sur la condition de la femme du Moyen Âge à la Révolution française animée par Catherine Marand-Fouquet, historienne et écrivaine engagée.

Au début des années 1950, le mouvement des femmes s’est développé et des écrivains et philosophes ont eu la volonté d’explorer l’histoire des femmes. C’est pendant cette période qu’est sorti le livre « Le deuxième siècle » de Simone de Beauvoir. Catherine Marand-Fouquet est devenue féministe sur le tard après la lecture d’un livre sur les colonisés. Cela lui a fait prendre conscience de l’intériorisation des femmes de leur infériorité. Elle se lance alors, non dans difficultés, dans l’étude de l’histoire des femmes.
Catherine Marand-Fouquet est la première femme à avoir demandé la panthéonisation d’Olympe de Gouges. En 1989, à l’occasion du bicentenaire de la Révolution, elle a en effet écrit un premier courrier à François Mitterrand pour demander l’entrée de 3 femmes au Panthéon : Olympes de Gouges, Marie Curie et Berthe Albrecht. La famille de Berthe Albrecht a souhaité qu’elle reste au Mont Valérien. Marie Curie est entrée au Panthéon en 1995.

Pendant deux heures, nous apprenons beaucoup sur l’histoire de la condition féminine qui a évolué à travers l’Histoire et connu de nombreux retournements.
Au XIème siècle, il y a eu une tentative de l’Eglise de moraliser le Chrétien. Elle a interdit le mariage des prêtres et encouragé les rois à respecter leurs épouses, même si elles ne donnent pas d’héritier. Mais l’Eglise a un positionnement ambigu : elle place sur le même plan l’homme et la femme qui prient, met sur un pied d’estale la vierge Marie et incite à s’éloigner de la pécheresse Ève.

Au Moyen âge, selon l’ordre auquel elle appartient, la femme avait une condition différente. Il faut distinguer une égalité entre les hommes et femmes libres et le sort des serves.
Les garçons et les filles avaient une éducation et des devoirs différents chez les chevaliers. Les garçons restaient avec leur mère jusqu’à l’âge de 7 ans avant de faire l’apprentissage des armes et acquérir la virilité. Les jeunes filles apprenaient de leur mère des travaux d’aiguilles et l’éducation religieuse.
Chez les artisans et paysans, les pères apprenaient leur métier aux petits garçons, les mères le leur aux petites filles.
Au XIIIème siècle, des écoles destinées aux filles ont émergé avec une éducation un peu plus élaborée.

Il y a très peu de traces écrites sur les femmes à cette époque. On peut trouver des écrits de magistrats ou de médecins, avec forcément un regard biaisé.
Parmi les écrits dont on dispose, il y ceux de Christine de Pisan, née à Venise, qui a reçu une éducation complète. Elle a écrit des ballades lorsqu’elle a perdu son père et mari, très jeune. Elle avait 3 enfants, sa mère et 2 frères a charge. Elle a écrit 15 ouvrages. Dans 2 de ses livres, elle réfléchit sur la condition des femmes et sur le rôle de l’éducation dans l’inégalité.
Deux siècles après des hommes sont arrivés aux mêmes conclusions. François Poulain Delabarre va appliquer le Discours de la méthode de Descartes a la condition des femmes dans la société et s’attaque aux préjugés. Il arrive à la conclusion que c’est l’éducation et la place à laquelle on prédestine les femmes qui aboutissent à cette situation.

Au Moyen-âge, certaines femmes étaient considérées comme mystérieuses en raison de leur lien avec la vie, la mort et le sang. Elle donnaient des remèdes avec des plantes.
A la Renaissance, il y a eu une véritable chasse à la « sorcière ». Ces femmes étaient noyées ou brûlées après jugement dans un tribunal ecclésiastique.
Avec le développement de la médecine et des connaissances scientifiques, des magistrats ont mis fin à cette crainte superstitieuse.

A la Renaissance, de plus en plus de femmes ont reçu de l’instruction et ont accès à l’écriture.
A l’époque classique, il y a aussi une dégradation de la condition des femmes dans le sens où on renforce la complémentarité des rôles. Ce rôle de complémentarité des femmes a été développé par Jean-Jacques Rousseau dont le modèle de société sépare les rôles masculins et féminins. C’est dans cet état d’esprit qu’on arrive à la Révolution. Les femmes ont eu un rôle essentiel dans mouvements pré révolutionnaires.
Il y alors eu une masculinisation du pouvoir. Dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, « les hommes naissent libres et égaux en droits », au sens de masculin. La mauvaise réputation de Marie Antoinette a renforcé la masculinité du pouvoir. Charlotte de Corday n’a pas arrangé la situation.
Après Marie-Antoinette et Charlotte de Corday, Olympes de Gouges a été guillotinée le 3 novembre 1793.
On a par la suite écarté les femmes de la Régence.
La période du Directoire a renforcé la distinction entre les femmes du côté du corps et des plaisirs et les hommes du côté de l’esprit.

L’histoire des femmes n’est pas linéaire.
Beaucoup de rites liés au mariage, dont certains subsistent aujourd’hui, reflètent la crainte des hommes de l’impuissance. Pour éloigner les esprits empêchant les hommes de remplir leurs devoirs virils, on fait du bruit. C’est par exemple la tradition des klaxons qui accompagnent les cortèges nuptiaux.
Il y a eu plusieurs avancées à la Révolution : suppression du droit d’aînesse, instauration de l’égalité dans l’héritage entre femmes et hommes et du divorce. Le droit civil est également revenu sur de nombreux acquis.
La grammaire a été modifiée au XVIIIème siècle pour des raisons politiques pour affirmer que le masculin l’emporte sur le féminin.
L’habitude de prendre le nom de son père remonte au XIXème siècle…

Les échanges sont passionnés, la conférence pourrait se poursuivre encore longtemps. Nous avons hâte de participer aux prochaines.

En pratique

Mona : https://mona.mylittleparis.com/

Jusqu’au 30 décembre
Prochaines conférences thématiques sur l’histoire des femmes

  • le 16 novembre de la Revolution française à la seconde guerre mondiale
  • le 14 décembre sur la période contemporaine

118 rue de Turenne
75003 Paris

Pour en savoir plus

Sur l’Espace des femmes : https://www.espace-des-femmes.fr/

Quelques lectures sur l’histoire des femmes :

  • Elles ont osé
  • Le Dictionnaire des créatrices
  • Les mots de l’histoire des femmes

Sur Catherine Marand-Fouquet

Ses ouvrages :

  • Histoire des mères du Moyen-Âge à nos jours,
  • La femme au temps de la Révolution,
  • Dictionnaire sur l’Histoire des Marseillaises.

Elle nous donne rendez-vous le 4 novembre devant le Panthéon pour demander à ce qu’ Olympe de Gouges soit admise au Panthéon.

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