Combattantes – Une histoire de la violence féminine en Occident

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Combattantes en bref

Cet ouvrage collectif retrace à travers les siècles le sens politique des femmes qui considèrent le recours à l’action parfois violente comme nécessaire et qui s’engagent dans des insurrections bousculant l’ordre social.

Il comprend plusieurs chapitres présentant des femmes combattantes, à travers les siècles, dans toute leur diversité :

  • Les femmes grecques ne sont pas des Amazones : des actions collectives visant à défendre des rites ou à lutter pour acquérir ou conserver un statut.

  • Les arts martiaux au féminin : la représentation des femmes dans les livres de combat

  • Femmes combattantes ou femmes battues ? Les voix féminines de la révolte en France au Moyen Age

  • Amazones, Preuses, Sibylles et autres franches tireuses. L’utilisation des figures de guerrières au temps de l’invention de la loi salique

  • Résister, se défendre, agir. Les femmes du XVIIIème siècle en milieu populaire

  • Les femmes contre l’esclavage. De la lutte au quotidien à l’héroïsme révolutionnaire

  • La pétroleuse. La déni et l’exacerbation de la violence politique des femmes sous la Commune de Paris

  • Les vitrioleuses, des criminelles passionnées ? Des femmes se vengent de leurs anciens compagnons, de 1870 à 1930, en leur projetant au visage de l’acide sulfurique

  • Le coups de force des suffragettes. L’action directe au service du droit des femmes

  • Aventurières, déclassées, brutes ? Retour sur les surveillantes SS des camps de concentration nazis

  • Armée française et bordels militaires de campagne. Algérie, France, Indochine (1930-1962)

  • Le sexisme au bout du stylo. Regards médiatiques sur les militantes de groupes révolutionnaires armés en France et RFA (1970-1989)

  • « Sauvageonnes » ? Les mineures violentes (XX – XXIème siècles)

  • Femmes terroristes à l’heure de la mondialisation, qui remettent en cause des valeurs et normes sociales

  • Guerrières aux seins nus. Les habits neufs du féminisme ? La nudité féminine apparaît comme une arme politique ambiguë.

Cette cartographie des mouvements des femmes se concentre sur les actions commises en groupe, avec une attention particulière sur la désobéissance civile.

Le mot de l’éditeur

Saintes en armes, combattantes, militantes, émeutières, résistantes, activistes luttant contre le patriarcat, la domination masculine, la violence sexuelle ou sexiste, le capitalisme, le pouvoir politique, l’esclavage ou la colonisation, mais aussi terroristes, kamikazes, gardiennes de camps, femmes soldats ou délinquantes… La violence manifestée par certaines femmes revient au sein de notre actualité mondialisée, au risque d’éclipser la violence faite aux femmes. Preuve qu’elle marque les esprits et frappe les imaginaires, aujourd’hui comme hier : de victimes expiatoires, ces femmes deviennent des bourreaux désignés. Cette violence revendiquée a pourtant été longtemps occultée par une histoire écrite par des hommes, soucieuse de perpétuer un mythe de l’innocence féminine, socle du modèle patriarcal, car il permettait de reléguer les femmes dans des tâches subalternes. Si les violences domestiques (infanticide, crime passionnel, violence conjugale), secrètes (empoisonneuse, traîtresse, usurpatrice) ou déviantes (sorcière, criminelle, violeuse, veuve noire, femme fatale) sont aujourd’hui mieux connues, il semble que la violence politique commise au sein de l’espace public, qu’elle ait ou non une visée émancipatrice, le soit moins. Elle s’exprime pourtant au grand jour, activant des stéréotypes dépréciatifs tenaces (vénéneuse, poissarde, tricoteuse, incendiaire, virago, pétroleuse, vitrioleuse, suffragette), destinés à évacuer la femme d’une sphère publique où sa place n’est pas considérée comme acquise. Cet ouvrage met en évidence un inconscient culturel, puissant à l’œuvre dans nos représentations collectives : il identifie les origines antiques, souvent mythifiées de ces femmes d’action, leurs mutations au cours de l’histoire et leur résurgence ambivalente au sein de notre monde contemporain, afin de saisir une question qui interroge notre modernité au regard de son histoire.

Quelques mots sur les auteurs

Véronique Blanchard est historienne, responsable du centre d’exposition historique  » Enfant en justice  » (Ecole nationale de protection de la jeunesse), elle est l’autrice de « Vagabondes, voleuses, vicieuses. Adolescentes sous contrôle, de la Libération à la libération sexuelle » et coautrice avec David Niget de « Mauvaises filles. Incorrigibles et rebelles. »
Fanny Bugnon est maîtresse de conférences en histoire contemporaine et études sur le genre à l’université Rennes 2. Elle a notamment publié Les  » Amazones de la terreur « . Sur la violence politique des femmes, de la Fraction armée rouge à Action directe;  » Prolétaires de tous les pays, qui lave vos chaussettes ?  » « Le genre de l’engagement dans les années 1968 », « Territoires de la violence politique en France, de la fin de la guerre d’Algérie à nos jours ».
Marcel Dorigny, maître de conférences (honoraire) au département d’histoire de l’université de Paris 8, a publié et a dirigé plusieurs ouvrages consacrés, notamment, aux mouvements antiesclavagistes au XVIIIe siècle et aux processus d’abolition de l’esclavage ; il a organisé des expositions, coécrit des docufictions, dirigé la revue Dix-Huitième Siècle et siégé au Comité national pour l’histoire et la mémoire de l’esclavage.
Directrice de recherche au CNRS, Arlette Farge a publié une trentaine d’ouvrages et dirigé le Groupe d’histoire des femmes à l’EHESS. Elle travaille essentiellement sur l’histoire des comportements populaires à Paris au XVIIIe siècle et sur les relations entre les femmes et les hommes.
Daniel Jaquet est chercheur à l’Université de Berne (Institut d’histoire) et responsable de la médiation culturelle au Château de Morges et ses Musées. Sa thèse (Université de Genève, 2013) porte sur le combat en armure à la fin du Moyen Age. Il se spécialise dans l’étude des arts martiaux à l’époque médiévale et moderne.
Claude Gauvard, docteure d’Etat, est professeure émérite d’histoire du Moyen Age à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, membre honoraire senior de l’Institut universitaire de France, présidente d’honneur de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public, vice-présidente de l’Association française pour l’histoire de la justice. Elle est spécialiste d’histoire de la société politique, de la justice et de la criminalité en France aux XIIIe-XVe siècles.
Maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’université Sorbonne Paris Nord (Paris 13), Laure Godineau travaille sur le XIXe siècle. Elle est l’auteure de nombreuses publications sur la Commune de 1871 et ses mémoires, ou encore sur l’exil politique.
Elissa Mailänder, Associate Professor titulaire à Sciences Po Paris et directrice adjointe du CIERA (Centre interdisciplinaire d’études et de recherches sur l’Allemagne), est l’auteure de multiples publications en langue allemande, anglaise et française. Sa recherche porte sur les domaines de l’histoire et de la théorie de la violence, du genre et de la sexualité, et de l’histoire de la vie quotidienne du nazisme.
Professeur d’histoire culturelle à l’université Paris 8 et à New York University en France, Martial Poirson a publié plusieurs ouvrages (dont « Comédie Française. Une histoire du théâtre ») et dirigé plus d’une trentaine de collectifs. Il est également commissaire d’exposition, essayiste et dramaturge.
Jenny Raflik est professeure d’histoire des relations internationales contemporaines à l’université de Nantes. Ses recherches portent sur l’histoire des questions de sécurité et de défense aux XIXe-XXIe siècles. Elle a publié, notamment, « Terrorisme et mondialisation, approches historiques », « La Quatrième République et l’Alliance atlantique » et « La République moderne ».
Docteure en histoire, Karine Salomé a notamment publié « Les Iles bretonnes. Une image en construction (1750-1914) « , « L’Ouragan homicide. L’attentat politique en France au XIXe siècle » et « Vitriol. Les agressions à l’acide du XIXe siècle à nos jours ».
Professeure émérite d’histoire grecque à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Pauline Schmitt Pantel a publié et dirigé de nombreux ouvrages dont le premier volume de « L’Histoire des femmes en Occident », « L’Antiquité ».
Christelle Taraud est historienne. Elle enseigne dans les programmes parisiens de Columbia University et de New York University à Paris et est membre associée du Centre d’histoire du XIXe siècle des universités Paris I et Paris IV (France). Spécialiste des questions de femmes, de genre et de sexualité dans les espaces coloniaux, tout particulièrement au Maghreb, elle est notamment l’auteure de « La Prostitution coloniale. Algérie, Tunisie, Maroc (1830-1962) » et d' » Amour interdit. Marginalité, prostitution, colonialisme. Maghreb 1830-1962. Elle a par ailleurs codirigé « Sexe, race & colonies. La domination des corps du XVe siècle à nos jours ».
Eliane Viennot a enseigné la littérature française dans les universités de Seattle, Nantes, Corte, Saint-Etienne, et elle a été dix ans membre de l’Institut universitaire de France. Ses recherches portent sur les écrits des princesses de la Renaissance, l’histoire des relations de pouvoir entre les sexes en France, la Querelle des femmes et ses conséquences dans la langue.
Jean-Jacques Yvorel est historien. Il est corédacteur en chef de la Revue d’histoire de l’enfance  » irrégulière  » et préside l’Association pour l’histoire de la protection judiciaire des mineurs (AHPJM). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages et de très nombreux articles sur l’histoire de la justice, de la déviance et de la sociabilité populaire. Ces travaux actuels portent sur les mutations de la justice des mineurs dans les années 1960-1970.

Notre avis

Cet ouvrage, richement documenté et illustré, nous donne les moyens de prendre conscience de l’évolution de la représentation de ces femmes combattantes, à travers les termes employés pour les désigner, la retranscription d’événements manquant l’Histoire en Occident ainsi que le décryptage d’une image à la fin de chaque chapitre. Il met en lumière la violence de femmes, quelle que soit la motivation sous-jacentes, que l’on évoque rarement en raison de la domination du modèle patriarcal et à une perception féminine parcellaire. Sa trame chronologique permet de rapprocher ces violences, qu’elles soient domestiques, militaires, politiques ou idéologiques, au contexte économique, politique et social ainsi qu’à la condition féminine de cette période.
Ce livre rend justice à ces femmes d’actions qui ont combattu la résignation ou refusé le consentement, loin des clichés sexistes aussi bien que victimaires. Toutes ces femmes n’inspirent pas l’admiration mais reprennent leur place dans la sphère publique et illustrent le rôle moteur qu’elles ont eu dans le cours de l’Histoire.

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