La librairie des livres interdits en bref
Michel, surnommé Mitch depuis son enfance, vient de passer 5 années en prison, pour avoir loué clandestinement des livres bannis qu’il entreposait dans la cave aménagée de sa librairie. Ces ouvrages, qui étaient, d’après le gouvernement, susceptibles d’être préjudiciables à la cohésion sociale, figuraient dans une liste adressée aux libraires et bibliothécaires après la ratification de la loi HB 1467. Parmi ses premiers clients, Mathilde, étudiante en pharmacologie, Vermer, professeur de violon au conservatoire passionné de tango, Mme Ateltow, enseignante en lettres à la retraite qu’il avait eu au collège et Mme Bergol, atteinte de cataracte, qui vient 2 heures tous les jours dans la librairie pour passer le temps. La police a débarqué dans la librairie 6 semaines après la première réunion clandestine.
De son côté, Anna travaillait dans une grande brasserie en tant que serveuse malgré sa formation et son expérience dans la restauration. Après avoir déposé une dose de champignon toxique dans le plat du commissaire Jabert, qui l’avait agressé sexuellement un mois auparavant, elle est partie pour le Québec où elle a trouvé une place de sous-chef. Elle revient après quelques années déterminée à monter son propre restaurant.
La rencontre de deux personnes qui ont survécu au mal qu’on leur a fait sans rien perdre de leur faculté d’aimer n’est pas n’importe quelle rencontre.
Le mot de l’éditeur
Tous les héros ne portent pas de cape.
Certains ont des livres.
Mitch, libraire passionné, est arrêté un matin pour un crime impensable : il a transgressé la loi en vendant des livres interdits.
Après cinq années de prison, il n’a qu’un désir, retrouver sa liberté et sa librairie. Mais le destin en décide autrement. Le même jour, Mitch croise le procureur qui l’a fait condamner et rencontre Anna, une jeune chef qui pourrait bien être la femme de sa vie.
Que faire quand on est pris entre une irrépressible envie de vengeance et une irrésistible envie d’aimer ? Peut-on rêver d’un avenir sans s’être acquitté du passé ?
Quelques mots sur l’auteur Marc Levy
Né en 1961 à Boulogne Billancourt, Marc Levy a étudié la gestion et l’informatique à l’Université Paris Dauphine. À 18 ans, il s’est engagé à la Croix Rouge Française où il reste 6 ans. Il crée ensuite une société spécialisée dans les images de synthèses en France et aux États-Unis, puis un cabinet d’architecture de bureau. Son premier roman “Et si c’était vrai…” publié en 2000 est resté classé durant deux ans sur les listes de meilleures ventes. Il s’installe alors à Londres pour se consacrer exclusivement à l’écriture. En 2008, il s’est installé à New York. Plusieurs de ses romans ont été adaptés au cinéma, à la télévision ou en BD.
Rencontre avec Marc Levy
Nous avons la chance de rencontrer Marc Lévy.
Le rôle de la lecture
La lecture est au cœur de ce roman. Marc Lévy était un lecteur curieux et voyait dans le livre un moyen de transgression et de rencontre de personnages qu’il n’a pas eu l’occasion de connaître. Ses lectures n’étaient pas contrôlées par ses parents, ce qui lui permettait de comprendre que les oppresseurs ont parfois plus peur que les opprimés (les livres de Boris Vian, Les raisins de la colère de John Steinbeck, le recueil de poésie Parole de Jacques Prévert…).
La lecture, dans tous les pays du monde, offre un rapport intime avec le livre, par opposition à de nombreux loisirs (comme un concert, un spectacle…).
L’auteur fait des liens entre la littérature et la cuisine car ce sont des métiers de partage où le travail prend plus de temps que la « consommation ». Ce que l’on mange et ce que l’on lit a une influence sur ce que l’on est. La montée de la haine et de l’autoritarisme lui semble lié à ce que l’on lit en ce moment, notamment sur les réseaux sociaux. Les livres sont un remède à cette peur.
Le roman n’est pas situé dans un pays en particulier. Il ne voulait pas choisir un pays totalitaire mais un pays démocratique où l’on peut basculer vers l’autoritarisme.
La loi votée en Floride qui est évoquée dans le roman est très peu connue. Aux États Unis le législateur a plus peur des livres que d’une arme à feu.
Le point de départ du livre n’est pas la censure. C’est la volonté de mettre en avant la beauté de la lecture, leurs pouvoir sur la société. Aller à une exposition est plus valorisé que lire un livre.
Pour que les jeunes lisent plus, il faut leur donner envie.
Contrairement à ce que de nombreuses personne, la culture n’est pas réservée à une élite. L’essence de la culture est avoir une émotion et la partager avec les autres pour transcender nos différences.
Le questionnement
Dans les dialogues, il y a une alternance entre l’évocation de sujets profonds et légers. L’auteur cherche à cultiver la nuance dans ses romans, pour prendre du recul dans un monde où tout va de plus en plus vite, avec les réseaux sociaux, l’IA. L’auteur préfère les dialogues à la narration qui risque d’imposer une morale. Il est préférable de partager des questions plutôt que de donner des réponses.
Marc Lévy ne s’inspire pas directement de sa propre expérience, même s’il y a indirectement un peu de lui. D’après lui, il y a deux grandes familles d’écriture : certains écrivains racontent leur vie, d’autres le combat des autres (souvent par pudeur). Il se situe dans la seconde famille.
Les place des personnages
Le roman s’ouvre sur Mitch, le libraire. À son retour de prison, Mitch se sent coupé du monde et est surpris des évolutions de la société puis l’action s’accélère.
Anna, la lectrice et restauratrice, prend ensuite une part croissante dans le roman. Dans les romans de Marc Lévy prenne vie et occupe leur place au fil de l’écriture.
Marc Levy découvre ses personnages progressivement, en l’imaginant le matin, puis en le faisant parler, en cherchant ses failles. Ce travail se fait en écrivant. De nombreuses pages écrites pour construire le roman et découvrir les personnages sont retirées de la version finale car elles ne servent pas l’histoire.
Après la rencontre avec ses personnages, il ne parvient pas s’en séparer.
En même temps, dans tous ses romans, il y a une combinaison de la violence et de la douceur dans ses personnages. Le fil rouge de son écriture est de raconter l’humanité des personnages.
D’après Marc Lévy, le chemin d’écriture de l’auteur est aussi passionnant que ses livres, l’évolution des personnages.
Le mélange des genres
Ce roman a de la comédie et du roman policier.
L’humour, la légèreté est un moyen de désamorcer le drame, surtout lorsque l’on aborde des sujets de sociétés graves : « il est dangereux de se prendre au sérieux lorsque l’on parle de choses sérieuses ». Marc Lévy aime mélanger les genres. Il ne souhaite pas être dans une case.
Il a eu la chance d’avoir un grand nombre de lecteurs dès son premier roman. Cela l’a contraint à travailler énormément et lui a permis d’explorer les genres, en bénéficiant de la confiance de ses lecteurs.
Les lecteurs consacre du temps à l’écrivain en lisant un livre. Marc Lévy s’est senti obligé de ne pas céder à la facilité en travaillant des genres différents.
Puis il avance dans son métier, plus il détecte des erreurs et plus le travail devient exigeant et, en même temps, plus intéressant.
Notre avis
L’auteur met la lecture, qui permet de s’ouvrir au monde, au cœur de son roman. Avec ce fil rouge, il aborde, à travers les principaux protagonistes, des questions existentielles comme la justice, l’amour et la mort. Il nous fait notamment réfléchir sur la possibilité que l’amour soit l’antidote de la haine ou encore que la vengeance permette de faire table rase du passé pour pouvoir se projeter dans le futur.
le rôle des livres, être des remèdes contre les peurs, les préjugés et la haine
Avec un style fluide et une analyse fine de la personnalité des personnages, ce roman nous conduit ainsi à la réflexion sur ces nombreux sujets.
Il s’inspire d’une loi appliquée dans certains Etats américains dirigés par les Républicains conservateurs… autre sujet de réflexion qui trouve sa place dans l’actualité. L’auteur liste d’ailleurs à la fin une sélection de livres cultes interdits.