« À toi appartient le regard et (…) la liaison infinie entre les choses » au Musée du Quai Branly

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Le Musée du Quai Branly consacre une exposition à l’image contemporaine sous toutes ses formes. Elle nous propose de découvrir les de 26 artistes extra-européens issus de 18 pays différents, de l’Afrique (République Démocratique du Congo, Cameroun, Egypte) à l’Asie (Inde, Thaïlande, Vietnam), en passant par l’Amérique latine (Mexique, Brésil, Colombie) et l’Océanie (Australie).

Le titre

A toi appartient le regard et à toi appartient la liaison infinie entre les choses

est une citation de August Ludwig Hülsen traduite par Roland Recht dans La lettre de Humboldt, du jardin paysager au daguerréotype.

A travers des photographies, vidéos et installations qui nous font faire le tour du monde, elle nous interroge ainsi sur différents rapports à l’image photographique et filmique, que ce soit la perception du monde et la représentation de soi, celle du paysage et des territoires ou la réappropriation du récit historique et politique.

A l’entrée de l’exposition, nous pouvons prendre un petit livre qui peut recueillir les fiches des différents artistes.

L’exposition est découpée en 5 parties qui nous invitent à se laisser porter et surprendre par ses œuvres contemporaines, trop rarement vues, de façon libre et intuitive.

L’image est-elle un coup d’œil arrêté ?

Samuel Fosso

Samuel Fosso (né en 1962) est un artiste camerounais, centrafricain et français, qui a construit son œuvre sur la pratique de l’autoportrait, depuis la fin des années soixantedix. Activité pratiquée au début en marge de son métier de photographe de studio, cette production devient une véritable production artistique assumée comme telle dans les années quatre-vingt-dix. Depuis, l’artiste a développé une œuvre ample basée sur la transformation de sa propre image. Son corps devient médiateur entre l’Histoire, l’image et le spectateur. Ses autoportraits, loin d’être égocentriques, deviennent une affirmation d’un « nous » et d’une identité collective.

Cinthya Soto

Cinthya Soto (née en 1969) est une photographe et vidéaste costaricienne vivant entre San José (Californie), Buenos Aires et Zürich. Son travail décompose le temps et l’espace dans des images qui interrogent notre conception de l’environnement. Intéressée par le processus qui entoure la création de l’image, Cinthya Soto utilise la photographie analogique et la vidéo comme acte testimonial. En créant des points de vue fragmentés, aux multiples cadrages et aux angles divers, elle réinterprète les codes de la photographie de paysage.

Daniela Edburg

Daniela Edburg (née en 1975) est une artiste mexicaine vivant aujourd’hui à San Miguel d’Allende (Mexique). Elle réalise des fictions photographiques dans lesquelles elle analyse la nature humaine et son rapport à l’artificiel. Les photographies de Daniela Edburg oscillent entre humour et provocation, faisant cohabiter la réalité du monde et l’absurde. Daniela Edburg met en scène notre relation à la nature tout en questionnant notre propre perception du monde.

Lek Kiatsirikajorn

Lek Kiatsirikajorn (né en 1977) est un photographe thaïlandais qui s’intéresse à l’impact des mutations socio-politiques de la Thaïlande contemporaine. Après des études à Bangkok et au Royaume-Uni, il fait carrière dans la photographie publicitaire avant de revenir à Bangkok, où il vit et travaille aujourd’hui. Marqué par ses sept ans d’absence loin de sa famille, il utilise la photographie pour retrouver ses repères personnels et familiaux, mais aussi pour investir à nouveau son pays par une observation attentive des changements survenus à l’échelle de la ville.

Guy Tillim

Guy Tillim (né en 1962) est un photographe sud-africain formé à ses débuts comme photojournaliste. Il rejoint en 1986 le collectif de photographes indépendants Afrapix, engagé politiquement et artistiquement pour l’abolition de l’apartheid. Présentant une Afrique loin de tout exotisme, Guy Tillim tente de capter, dans le quotidien, les manifestations des grands changements politiques, économiques et sociaux de l’Afrique au 21ème siècle. Ses photographies permettent d’observer les modifications du paysage urbain lors du passage des régimes coloniaux aux régimes postcoloniaux, et du nationalisme africain aux États capitalistes.

Jo Ractliffe

Jo Ractliffe (née en 1961) est une importante photographe sud-africaine dont le travail a été montré dans de nombreuses expositions. Ses photographies révèlent les traces des guerres et des violences dans le paysage contemporain, suggérant les actions passées sans les représenter. Elle utilise souvent la photographie noir et blanc comme moyen de diriger son attention sur des signes ténus, des traces peu perceptibles. Elle a mené des recherches approfondies dans d’anciennes zones de conflit comme la guerre d’indépendance de l’Angola. Travaillant sur un temps long, en documentant minutieusement ses observations, elle a investi ces dernières années d’anciens territoires militarisés dans plusieurs zones frontalières d’Afrique du Sud.

José Luis Cuevas

José Luis Cuevas (né en 1973) est un photographe mexicain formé initialement au marketing, qui s’est dirigé ensuite vers la photographie. Il travaille à la frontière du documentaire et de la fiction. De son premier projet, La Apestosa (2002‑2004), à aujourd’hui, son travail consiste en des recherches documentaires rigoureuses qu’il réinterprète et associe ensuite librement. Avec La Nueva Era, il a réalisé en Colombie et au Mexique un ensemble d’images centré sur le rapport à la religion. Il y suggère la frustration, la peur et la culpabilité liées à la pratique religieuse. Avec A kind of chronic disease, il explore au Japon une autre forme de malaise existentiel.

Se reconnaître dans une image

Santu Mofokeng

Santu Mofokeng (1956-2020) était un photographe sud-africain qui commença, en 1986, sa carrière au sein du collectif de photographes indépendants Afrapix. Se distinguant du photojournalisme évènementiel, il captura les instants de joie et les subtils détails qui composent le quotidien. Sa pratique s’orienta rapidement vers une photographie d’auteur. Sa rencontre avec le photographe sud-africain David Goldblatt fut décisive. Dans les années quatre-vingt-dix, il mena un travail de recherche et de collecte de photographies anciennes au sein de dix familles de Soweto (Afrique du Sud), qui constitue la matière première de l’œuvre The Black Photo Album / Look at me. Santu Mofokeng est décédé le 27 janvier 2020. Cette exposition lui est dédiée.

Samuel Fosso

Oscar Muñoz

Oscar Muñoz (né en 1951) est un artiste colombien dont la carrière commence en 1970 à Cali (Colombie), à l’époque en pleine effervescence culturelle. Ses recherches se caractérisent par une grande attention portée au processus photographique, comme moyen d’apparition et de disparition de l’image. Dans sa production, l’œuvre est indissociable de l’espace dans lequel elle est présentée, et du regard du spectateur. Utilisant des matériaux simples : papier, eau, charbon, vapeur, il interroge la capacité des images à étayer la mémoire et observe les multiples façons dont photographie et souvenir s’associent et disparaissent.

Che Onejoon

Che Onejoon (né en 1979) est sud-coréen. Il utilise la photographie pour documenter l’histoire coréenne contemporaine, et plus particulièrement l’influence des puissances étrangères sur son pays. Photographe autodidacte, il débute sa carrière en travaillant pour la police de Séoul. Ainsi initié à la photographie documentaire, il poursuit ses enquêtes via sa pratique artistique et mène depuis plusieurs années une recherche sur la « guerre diplomatique » à laquelle se livrent la Corée du Nord et la Corée du Sud sur le continent africain. Ce projet évolue désormais vers les relations entre l’Asie et l’Afrique.

Les images se pensent par elles-mêmes

Katia Kameli

Katia Kameli (née en 1973) est une artiste et réalisatrice franco-algérienne qui vit à Paris. Se considérant comme une « traductrice », elle met en lumière une réalité faite de frontières poreuses et d’interactions culturelles, principalement par le biais d’installations vidéo. Elevée entre la France et l’Algérie, Katia Kameli s’identifie à l’entre deux et se situe dans le « tiers-espace » de l’hybride. Ses recherches questionnent les représentations univoques et permettent « des allers-retours entre l’Histoire et des narrations », des réécritures de nouveaux récits.

Brook Andrew

Brook Andrew (né en 1970) est un artiste australien s’emparant de moyens variés pour analyser les rapports de forces liés à l’écriture de l’Histoire par les dominants, notamment dans le cadre du colonialisme. Né d’un père d’origine écossaise et d’une mère appartenant au peuple Wiradjuri, il s’intéresse particulièrement aux représentations ethnographiques des Aborigènes. Menant des recherches dans de nombreuses collections ethnographiques européennes, il en remet en question les usages. En présentant les limites de l’étude des cultures extra‑européennes, il met en lumière des récits cachés ou oubliés afin de donner aux peuples colonisés le contrôle de leur propre histoire.

Dinh Q. Lê

Dinh Q. Lê (né en 1968) est un artiste vietnamien qui vit à Ho Chi Minh-Ville. Après avoir fui son pays lors de l’invasion des Khmers rouges en 1978, Dinh Q. Lê et sa famille obtiennent l’asile aux États-Unis. Au cours de ses études d’art en Californie, il commence à étudier l’imagerie du Vietnam et sa constante superposition avec celle de la guerre du Vietnam. Il travaille la photographie comme un matériau plastique, mélangeant images d’archives, de presse, et iconographie hollywoodienne. Il utilise également le film numérique et le dessin. De retour à Ho Chi Minh-Ville, dans les années quatre-vingt-dix il y fonde le collectif Sàn Art, importante plateforme artistique, espace d’exposition et d’enseignement.

Ho Rui An

Ho Rui An (né en 1990) est un artiste singapourien formé à l’histoire de l’art et à l’anthropologie. Il travaille à l’intersection entre art contemporain, cinéma, performance et théorie de l’art. Il étudie la manière dont les images sont produites et circulent dans le contexte de la mondialisation. Récoltant des archives historiques en les recoupant d’images de la culture vernaculaire contemporaine, il examine la relation d’influence qui existe entre image et pouvoir. Accompagnant souvent ses projections de lectures ou de performances variées, Ho Rui An rapproche sa pratique de la tradition des premières projections cinématographiques, souvent accompagnées de performances physiques et musicales.

Rosângela Rennó

Rosângela Rennó (née en 1962) est une artiste brésilienne. Son travail, dans lequel elle utilise souvent la photographie, s’articule autour de ce qu’elle nomme des « s’articule autour de ce qu’elle nomme des « fichiers morts fichiers morts » : détritus, journaux abandonnés, albums de famille jetés, qu’elle collecte et transforme. Utilisant des photographies privées et publiques, elle interroge l’essence de l’image et sa valeur symbolique. Elle pratique la réappropriation d’images en travaillant sur la notion d’oubli, sur les processus de perte de mémoire à l’échelle collective.

Dayanita Singh

Dayanita Singh (née en 1961) est une photographe indienne qui vit et travaille à New Delhi. Sa démarche se situe à la frontière de celles de l’artiste, de l’archiviste, de l’éditrice et de la commissaire d’exposition. Pratiquant une photographie très intuitive, elle revendique une grande liberté dans sa manière de construire son œuvre, et de multiplier les façons de présenter, dupliquer, réinterpréter ses propres images. Elle est ainsi l’auteur de très nombreux livres-objets. Dans cette même logique, elle conçoit depuis ces dernières années des structures portatives appelées « musées ». Ces espaces modulables permettent d’associer ses photographies de manières variables.

Histoire des paysages

Sammy Baloji

Sammy Baloji (né en 1978) est un artiste congolais, qui pratique, utilise et détourne la photographie dans de nombreuses œuvres. Usant volontiers de multiples formes de collages d’images fixes ou mouvantes, il mène des recherches au long terme dans plusieurs archives et collections. Ses œuvres interrogent les représentations passées en repérant et explorant leurs traces dans le monde contemporain. Sa production intervient dans les failles de l’Histoire et propose de nouveaux récits et de nouvelles connections. Il est également co-fondateur des Rencontres Picha, biennale de photographie et vidéo à Lubumbashi (République démocratique du Congo).

Mario García Torres

Mariana Castillo Deball

Shiraz Bayjoo

Shiraz Bayjoo (né en 1980) est un artiste mauricien et britannique vivant à Londres. L’artiste place la collecte des archives individuelles et collectives de l’océan Indien au centre de sa pratique artistique, afin d’étudier la notion de nation dans le contexte postcolonial. Utilisant et transformant le matériau photographique historique, le film, mais aussi la peinture, il associe dans ses installations des mémoires de temporalités décalées. Il explore les complexes imbrications entre l’histoire coloniale, celle des migrations, de la piraterie, et des réseaux d’échanges commerciaux.

Gosette Lubondo

Gosette Lubondo (née en 1993) est une artiste congolaise qui vit à Kinshasa, où elle a suivi une formation en communication visuelle. Elle se tourne vers une pratique artistique en réalisant, en 2016, une série de photographies intitulée Imaginary trip I. Elle crée une deuxième série en 2018, dans le cadre des Résidences photographiques du musée du quai Branly – Jacques Chirac. La photographe met en scène des personnages anonymes dans des espaces abandonnés dont elle a pu interroger les anciens occupants

Heba Y. Amin

Heba Y. Amin (née en 1980) est une artiste égyptienne qui vit à Berlin. Chercheuse et enseignante étudiant la réappropriation de l’histoire coloniale, elle centre ses recherches sur l’urbanisme et la technologie en lien avec la politique. Par divers moyens, elle analyse les modes de construction de la mémoire, et notamment la façon dont se matérialisent les fractures sociales et coloniales dans l’espace urbain. Elle est un membre fondateur du Black Athena Collective, une plateforme expérimentale créée en 2015 s’intéressant au rôle des infrastructures et organisations urbaines dans l’appréhension d’un territoire, notamment sur les questions de migrations. Elle enseigne au Bard College de Berlin et à la Freie Universität.

Passage dans le temps

Yoshua Okón

Yoshua Okón (né en 1970) est un artiste mexicain pluridisciplinaire qui crée des situations d’interactions sociales. Performance et vidéo-installations placent le spectateur dans une situation de doute par rapport à ce qu’il perçoit. L’artiste brouille les pistes des significations établies en impliquant différentes personnes dans des actions à mi-chemin entre théâtre et performance. Utilisant volontiers l’ironie ou la provocation, il questionne la validité de notions de vérité, et de réalité. À la frontière de la manipulation, il pousse le spectateur à s’interroger sur son propre rôle dans le dispositif mis en place. Yoshua Okón a créé à Mexico plusieurs structures artistiques associatives, comme La Panaderia et SOMA.

Alexander Apóstol

Alexander Apóstol (né en 1969) est un photographe et vidéaste vénézuélien vivant à Madrid. Son travail dévoile l’écart entre les utopies modernistes du 20ème siècle et les réalités architecturales en Amérique latine. Il s’intéresse aux révolutions culturelles et plus précisément à la modernité vénézuélienne et ses répercussions dans l’espace urbain. Luttant contre une vision unique de l’Histoire, Apóstol réinterprète les archives, et revisite des lieux emblématiques de l’architecture moderniste. Plus récemment, il a mené un travail de reconfiguration de la société vénézuélienne actuelle via un ensemble de portraits qui détournent les codes de l’imagerie officielle et ses archétypes.

José Alejandro Restrepo

José Alejandro Restrepo (né en 1959) est un artiste colombien qui vit à Bogotá. Formé à la gravure, il trouve dans la vidéo monocanal un moyen d’expérimentation privilégié qu’il utilise depuis la fin des années quatre-vingts par le biais de vidéoperformances et vidéo-installations. Une part de son œuvre provient d’un important travail de collecte d’images, notamment de journaux télévisés, mais aussi de recherches approfondies sur l’iconographie catholique et diverses formes de récits historiques. Ses activités artistiques incluent la recherche et l’enseignement.

En pratique

Jusqu’au 1er novembre 2020
37 quai Branly
75007 Paris

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