Au nom des femmes de Sara R. Farris

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Au nom des femmes en bref

L’auteur constate que les partis nationalistes européens contemporains et les néo libéraux mettent de plus en plus en avant leur programme anti islam en faveur de des droits des femmes. Des féministes ont également dénoncé de leur côté les pratiques religieuses islamique.
Partant de cette observation, elle tente de comprendre les raisons de cette improbable convergence entre les nationalistes, les féministes et les néo libéraux et sa dimension politico économique. Elle introduit alors la notion de » fémonationalisme » pour décrire l’exploitation des thèmes féministes par les nationalistes et néo libéraux dans les campagnes anti immigration et la stigmatisation des hommes musulmans par certaines féministes au nom de l’égalité des genres.
Cela lui permet de donner quelques clés de lecture de la situation.

Elle considère que la croyance dans la suprématie des valeurs occidentales est à l’origine de la préoccupation contre la patriarcat islamique. Elle analyse ainsi l’émergence du fémonationalisme dans le contexte historique de la décolonisation. Jusque dans les années 1990, le statut de victime des femmes issues de communautés migrantes du Sud et des pays post socialistes était fondé sur des stéréotypes. Ce n’est qu’au milieu des années 2000, que la question du droit des femmes, et en particulier des femmes musulmanes, est instrumentalisée. Pour illustrer ce constat, l’auteur analyse le avec le positionnement des partis nationalistes des Pays-Bas, de France et d’Italie. Dans un second temps, elle se concentre sur les parcours d’intégration civique dans ce pays entre 2006 et 2013 où les droits des femmes occupent une place importante. Les femmes migrantes sont considérées, en tant que mères et épouses, comme des ponts entre la société occidentale et la communauté migrante, comme des émissaires des valeurs culturelles européennes.
L’auteur montre ensuite que la mise en place de ces politiques d’intégration a souvent encouragé les femmes migrantes non occidentales à s’orienter vers le secteur domestique et le soin à autrui. Cette situation est paradoxale puisque le mouvement féministe s’est historiquement battu contre la division genrée du travail.
L’auteur montre enfin que ces emplois répondent à une logique économique dans un contexte de retrait des Etats dans le financement des soins avec le vieillissement de la population.

Le mot de l’éditeur

Alors qu’en France, une série de dispositions racistes et islamophobes ont été adoptées au nom de l’émancipation des femmes et de la lutte contre le «séparatisme», la traduction de ce livre pionnier vient à point nommé. Dans Au nom des femmes, Sara R. Farris explore l’émergence de discours et de revendications concernant les droits des femmes émanant d’un ensemble improbable de partis politiques nationalistes de droite, de néolibéraux·ales et de théoricien·nes et responsables politiques féministes en France, en Italie et aux Pays-Bas. Pour décrire cette exploitation et cette assimilation de thématiques féministes dans leurs campagnes islamophobes et xénophobes, l’autrice a forgé le terme «fémonationalisme». Au travers de ses recherches, Sara R. Farris démontre qu’en qualifiant les hommes musulmans de dangereux pour les sociétés occidentales et d’oppresseurs à l’égard des femmes tout en insistant sur la nécessité qu’il y aurait à sauver les femmes musulmanes et immigrées, ces groupes et ces politiques d’État se servent de l’égalité de genre pour justifier leur rhétorique et leurs politiques racistes. Cette pratique a, selon elle, également un rôle économique. L’autrice analyse comment les politiques néolibérales d’intégration et ces groupes féministes canalisent les femmes musulmanes et immigrées non-occidentales vers les industries ségrégatives du soin à autrui et des services domestiques tout en affirmant promouvoir leur émancipation. Au nom des femmes est une vaste étude sur les liens entre le racisme et le féminisme qui décrit également comment les femmes non-occidentales sont instrumentalisées pour servir une série d’objectifs politiques et économiques. Nourri de l’analyse minutieuse, dans ces trois pays, des programmes politiques des partis d’extrême droite ainsi que des propos tenus par d’importantes personnalités politiques et universitaires ou encore des politiques d’intégration, l’ouvrage de Sara R. Farris documente de manière fouillée l’essor actuel de cette tendance de l’extrême-droite et des États à instrumentaliser le féminisme pour motiver son discours xénophobe.

Quelques mots sur l’auteur Sara R. Farris

Sara R. Farris est professeure de sociologie à la Goldsmith University de Londres. Ses domaines de recherches incluent notamment les théories féministes, le marxisme, la race et le racisme.

Notre avis

Cet ouvrage démontre que des intérêts économiques ont contribué à façonner le fémonationalisme comme une puissante idéologie. L’instrumentalisation des femmes non-occidentales a ainsi permis de justifier des propos racistes et xénophobes. L’auteur fonde son argumentation sur plusieurs théories, des exemples concrets ainsi que sur l’analyse des programmes politiques des partis d’extrême droite en France, en Italie et aux Pays-Bas.
Si elle ne nie pas l’existence de rapports de domination parmi les populations immigrées, elle regrette que l’attention des violences envers les femmes européennes occidentales et les inégalités entre genres soient ainsi détournées.

 

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