La pêche du jour en bref
La nouvelle s’ouvre sur la discussion entre un pêcheur de « migrants », ancien professeur d’humanité puis maître-nageur, et une personne qui semble intéressée par « l’arrivage ». Ils échangent sur cette activité et sur la situation à laquelle ils se sont plus ou moins habitués.
A travers leurs interrogations et réflexions, nous apprenons davantage sur la vie du pêcheur et sur la société dans laquelle il vit, pas si éloignée de la nôtre.
Le mot de l’éditeur
C’est un dialogue bouleversant et dérangeant que propose Éric Fottorino dans La Pêche du jour. D’emblée s’installent le malaise, l’inconfort et le questionnement, jusqu’à la nausée. Qui parle ? Pourquoi ce mélange de cynisme, d’indifférence, d’impuissance, entre deux personnages réunis sur le port de Lesbos, en Grèce, évoquant d’un ton lapidaire le destin des migrants. L’un est un étrange pêcheur qui fait commerce de leurs corps sans vie. L’autre un curieux client dont on ne sait s’il veut acheter ces cadavres, ou se racheter. Nous racheter.
Car c’est le miroir de nos renoncements que nous tend ce récit âpre et violent, aiguisé comme une lame, où les mots sont autant d’incitations à nous réveiller. Des mots qui pourrissent de ne plus servir : accueil, entraide, secours, chaleur. Des mots qui n’ont rien à faire ensemble, comme crime de solidarité.
À travers cette fable cruelle, l’auteur interroge notre humanité perdue en se demandant si nous n’avons pas cessé d’être humains. Au moment où le sort des réfugiés est sans cesse instrumentalisé, où des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants meurent de traverser la Méditerranée parce qu’ils veulent vivre, La Pêche du jour est un texte d’intervention pour réfléchir, pour s’indigner, pour agir.
Quelques mots sur l’auteur Éric Fottorino
Né en 1960 à Nice, Éric Fottorino a suivi ses études à La Rochelle, d’abord au Lycée Fénelon puis à Faculté de Droit d’où il sort avec une Licence, envisageant un temps de s’engager dans une carrière d’avocat ou de magistrat. Il intègre ensuite l’Institut d’Études Politiques (IEP) de Paris et s’intéresse dès lors au journalisme. En 1982, il commence à travailler comme journaliste pigiste pour Libération puis à La Tribune de l’Économie. En 1986 il entre au Monde où il effectuera dès lors toute sa carrière. Il y est d’abord journaliste spécialisé sur les matières premières et le continent africain tout en étant parallèlement Chargé de conférences à l’IEP de Paris de 1992 à 1995. En 2005, il est chargé de préparer la nouvelle formule du quotidien puis est nommé Directeur de la rédaction en mars 2006, remplaçant à ce poste Edwy Plenel qui a démissionné du journal. Il dirigea jusqu’en février 2011. Il est le cofondateur avec Laurent Greilsamer et Natalie Thiriez de l’hebdomadaire Le 1 lancé en avril 2014. Éric Fottorino est aussi l’auteur de plusieurs romans.
Notre avis
Sous la forme d’un dialogue parfois cynique, léger dans le ton, ce texte interpelle. Dérangeant, il nous fait réfléchir sur notre passivité face au sort des réfugiés, notre humanité, notre indifférence, notre responsabilité individuelle et collective. Il nous invite à agir.